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Bienvenue pour un nouveau numéro du Brave GNU World. L'édition de ce mois va couvrir un champ assez large de sujets avec une fonctionnalité quasi expérimentale en fin d'édition, qui a été réalisée avec Bernhard Reiter. Mais commençons avec les aspects techniques.
Le projet TINY[5] vise à créer une distribution minimale de GNU/Linux. Il a été initié par Odile Bénassy, mais l'équipe se compose également de Jean-François Martinez, Mathieu Roy et Roger Dingledine. L'acronyme TINY signifie «'Tis Independence N'Yet» (NdT : littéralement «ce n'est pas Independence»), un calembour à l'encontre de «Independence Linux», le projet principal de Jean-François Martinez.
Ce projet part d'une expérience personnelle d'une proche d'Odile, qui a essayé d'introduire GNU/Linux dans son école, et de l'idée de donner une chance aux pays en développement d'avoir leur rôle dans l'ère de l'information ainsi que de les faire profiter du logiciel libre. Afin d'atteindre ce but, un des principaux objectifs était de garder un seuil bas pour les exigences sur le matériel. Le minimum actuel est un 386 DX 33 sans disque dur.
Naturellement, les pays en développement ont aussi d'autres problèmes et même si on n'y pense pas au premier abord, la carence en terme d'infrastructures techniques pose un problème. Non seulement les connexions à Internet sont rares et les disquettes ne supportent pas le climat, mais très souvent les gens n'ont même pas d'électricité.
Heureusement, des programmes d'aide permettent d'obtenir l'électricité et des lignes téléphoniques dans les régions reculées. Odile a parlé avec des scientifiques et des physiciens oeuvrant dans de tels programmes en tant que volontaires, afin de faire en sorte que TINY convienne aux besoins.
TINY est basé sur une Slackware 4.0, utilise une glibc2 et un noyau 2.2 ; la licence de distribution est la Licence Publique Générale GNU, bien sûr. Au contraire d'autres distributions minimales, TINY est totalement fonctionnelle pour un usage quotidien. Par conséquent, TINY peut aussi intéresser des gens qui sont simplement à la recherche d'une distribution minimale.
La distribution peut s'installer avec succès, comme le montrent les messages en 6 langues[5] sur la page d'accueil. Mais une documentation plus complète ainsi qu'une liste des applications, plus longue et plus à jour, serait la bienvenue.
À cause d'un cruel manque de temps, le projet est au point mort actuellement. De plus, des retours de pays en développement manquent toujours. Donc l'équipe actuelle aimerait passer la main sur ce projet à un autre groupe de personnes, auquel elle serait prête à prêter main forte autant qu'ils le pourraient.
Si vous êtes partant pour aider les autres à s'aider eux-mêmes, TINY devrait constituer une bonne base. Et même si vous êtes uniquement à la recherche d'une distribution minimale, jeter un oeil à TINY vaudrait certainement le coup.
Le projet GNU TeXmacs [6] travaille sur un éditeur de texte «tel écran, tel écrit» (NdT : traduction officielle de l'anglais «WYSIWYG», what-you-see-is-what-you-get). Joris van der Hoeven, auteur de GNU TeXmacs, s'est inspiré de GNU EMACS et LaTeX, comme le nom le laisse présager.
Contrairement au projet LyX [7], qui pourrait paraître similaire en première approche, il ne s'agit pas d'un frontal à LaTeX, mais d'un projet indépendant. L'inspiration de LaTeX se retrouve plutôt en terme de qualité d'impression et de possibilités d'impression avancées pour les expressions mathématiques, sur lesquelles LaTeX est sans aucun doute la solution la plus adaptée aujourd'hui. Aussi GNU TeXmacs utilise les polices de TeX et possède des filtres d'importation/exportation de documents LaTeX.
L'inspiration d'EMACS s'exprime en terme d'extensibilité. GNU TeXmacs est écrit en C++ avec Guile/Scheme comme langage d'extension. L'interface utilisateur et l'éditeur lui-même peuvent être paramétrés/étendus avec des commandes Guile.
GNU TeXmacs permet également d'effectuer des calculs scientifiques directement par des interfaces à Maxima, Pari GP, GTybalt, Yacas, Macaulay 2, Mupad et Reduce. Sous peu, une interface à Scilab devrait être utilisable et l'ajout d'interfaces supplémentaires est relativement aisé.
GNU TeXmacs offre d'intéressantes possibilités pour des fonctionnalités telles que des documents mathématiques interactifs sur Internet, combinées à l'extension planifiée lui permettant de devenir un éditeur XML complet.
Grâce à sa qualité d'impression professionnelle, un bon anticrénelage (NdT : «anti-aliasing» en anglais) des polices TeX, la possibilité de documents structurés et le potentiel de macro-commandes et fichiers de styles, GNU TeXmacs offre un nombre incroyable de possibilités, particulièrement aux utilisateurs scientifiques.
Après quatre ans de travail de Joris van der Hoeven, Andrey Grozin, Thomas Rohwer et d'autres, le projet est en passe de lancer la version 1.0. Les problèmes actuels sont au niveau de fonctionnalités partiellement implémentées et de certains filtres LaTeX qui méritent encore quelques améliorations. La documentation aussi reste encore un peu pauvre.
Les priorités actuelles sont de régler ces quelques problèmes et de lancer la version 1.0. Les phases suivantes seront le tableur et les extensions XML/HTML. À plus long terme, ils prévoient de le porter sur des plates-formes non-Unix et d'avoir une partie pour le dessin technique.
Pour faire connaître et utiliser GNU TeXmacs par un plus large public, de l'aide sous n'importe quelle forme sera la bienvenue, qu'il s'agisse de documentation, traduction, écriture de filtres de conversion, portage sur d'autres plates-formes ou support de GNOME.
Comme les petits projets ont été un peu négligés, il est temps d'aborder l'un d'entre eux.
CD-ROM Control [8], de Paul Millar, est une petite appliquette (NdT : «applet» en anglais) qui contrôle le cédérom. Elle a été écrite en Tcl/Tk avec un petit morceau en C. Au-delà de l'affichage de l'état courant, elle offre des possibilités simplifiées pour monter/démonter/éjecter un cédérom par simple clic de souris. L'interface utilisateur peut aussi bien être Tk que GTK+.
La fonctionnalité spéciale de CD-ROM Control est l'«autostart», qui permet de démarrer automatiquement vos gestionnaire de fichiers, butineur ou application audio favoris lorsque vous insérez un cédérom.
Même si certains environnements de bureau offrent cette fonctionnalité en partie, ce n'est pas vrai pour les gestionnaires de fenêtres, ce qui justifie qu'elle puisse en intéresser plus d'un.
Saxogram [9], de Matt Dunford, est certainement le projet le plus hors-norme de ce numéro. Son nom est dérivé de celui de l'historien danois méconnu Saxo Grammaticus, dont les chroniques sont de loin des références pour Hamlet de Shakespeare. Cela laisse présager que le projet est d'une certaine manière lié à la littérature.
Saxogram permet de créer une liste de vocabulaire pour des documents en langue étrangère, afin de faciliter l'apprentissage d'une nouvelle langue. Comme bien d'autres avant lui, Matt a étudié le latin et le grec, ce qui a bien souvent nécessité d'ouvrir le dictionnaire tous les trois mots. Lorsqu'un jour il découvrit un dictionnaire de latin [10] en ligne, il commença son travail sur Saxogram.
Saxogram parcourt et dissèque un document en mots puis les recherche automatiquement dans un dictionnaire. La sortie est l'ensemble des mots trouvés avec leurs explications respectives. Saxogram s'acquitte très bien de cette tâche, notamment avec les verbes conjugués et les mots déclinés.
Un point névralgique est l'accessibilité des dictionnaires, car ceux disponibles en libre accès sont rares. Bien que le projet de dictionnaire Internet («the "Internet Dictionary Project"») [11] travaille sur ce point, les dictionnaires ne sont pas encore assez stables. De plus le dictionnaire en ligne LEO [12] n'est qu'une aide limitée car il n'effectue les traductions qu'entre l'anglais et l'allemand. Pour ce qui est des dictionnaires de grec, Matt n'en a pas trouvé le moindre et apprécierait énormément qu'on lui donne une telle référence.
Le programme a été écrit en Python et est diffusé sous Licence Publique Générale GNU. Son problème principal se situe dans la vitesse d'exécution grêvée par le nombre d'expressions régulières et des accès disques, car celle-ci n'était pas dans ses préoccupations lorsqu'il a écrit l'application. Régler ce problème figure en haut de sa liste de tâches pour les prochains développements.
Aujourd'hui les langues supportées sont l'allemand, le latin et un peu l'italien, tandis que la «langue de travail» est l'anglais. Ses autres buts sont l'ajout d'autres langues, ainsi que la création d'une interface graphique.
Pour les développements futurs, le plus important est d'augmenter le nombre de testeurs et de dictionnaires, donc les personnes intéressées sont invitées à contacter Matt.
La GNU libiconv [13] est la bibliothèque de conversion de caractères du projet GNU ; à travers la fonction iconv(), elle offre aux programmes la fonctionnalité de convertir des documents entre différents ensembles de caractères.
D'abord quelques mots concernant ses origines : traditionnellement, l'ensemble de caractères contient 256 valeurs, dont chacune représente une lettre. Il devient évident que 256 valeurs deviennent rapidement insuffisantes pour représenter chaque lettre de la planète, sitôt qu'on se penche sur les langues asiatiques ou des spécificités locales, comme l'«Umlaute» allemand ou le signe Euro.
Ainsi les individus des différentes régions linguistiques ont créé des ensembles de caractères modifiés qui contiendraient les lettres locales. À cause de cela, la lettre correspondant à une certaine valeur est devenue ambiguë car elle dépend de la région linguistique. On en est donc arrivé à spécifier cette région linguistique par le soi-disant «encodage» (NdT : «encoding» en anglais).
Afin d'internationaliser proprement un programme, ce dernier doit être capable de convertir un ensemble de caractère en un autre. Pour tout programme amené à gérer du texte, c'est une exigence minimale.
Ulrich Drepper a déjà tenté de créer une solution standard pour faire face à ce problème -il y a deux ans pour la glibc, mais pour des problèmes de portabilité- la solution n'a pas été incluse à la glibc ; il en a résulté un foisonnement de bibliothèques de conversion de classes de caractères. Bruno Haible cherche à y remédier avec libiconv.
Libiconv fournit la fonction iconv() précitée de la même manière qu'elle est présente dans la glibc 2.2. Libiconv est portable, rapide et autonome, de telle sorte qu'elle puisse être utilisée pour fournir la fonction iconv() sur tout système dépourvu de glibc 2.2.
Les auteurs peuvent désormais utiliser iconv() sans peur concernant la portabilité de leurs programmes et les auteurs de programmes de courrier électronique devraient en particulier l'utiliser car nombre de clients mail ne gèrent pas les extensions MIME correctement.
Comme la glibc, libiconv est couverte par la Licence Publique Générale Affaiblie (LGPL) GNU, de telle sorte qu'elle puisse être liée à un programme propriétaire s'il en était besoin. Cela pourrait résoudre des problèmes de conversion de tout un chacun.
Une fonctionnalité très impressionnante de libiconv est celle de transcription. Un caractère qui n'existe pas dans la classe de caractères destination peut être remplacé par un ou plusieurs caractères similaires, si on fait usage de la fonctionnalité «//TRANSLIT».
Mozart/Oz [14] est une plate-forme de développement très intéressante, à propos de laquelle j'aimerais vous toucher quelques mots. Comme une description complète de tous ses aspects nous ferait dépasser la taille de notre numéro, j'essaierai au mieux de mettre en évidence quelques points, afin de donner aux développeurs une première idée de ce dont il retourne.
Mozart a débuté en 1991, dans le projet européen ACCLAIM et a été développé dans un effort de coopération, sous une licence de type X11. Bien que sa licence ne soit pas optimale, on le qualifie de logiciel libre.
Mozart est une plate-forme de développement pour des applications intelligentes réparties. En particulier, le traitement réparti est une des grandes forces de Mozart, car il rend le réseau transparent. De plus, il supporte plusieurs paradigmes, allant de la programmation concurrente jusqu'aux processus légers (NdT : «lightweight threads» en anglais), plusieurs milliers de processus légers par application, en passant par celui des agents mobiles, et encore bien d'autres.
La machine virtuelle Oz est plutôt portable et tourne sur à peu près tous les dérivés d'Unix, aussi bien que sur MS Windows. Pour l'interface utilisateur, il propose une bibliothèque orientée-objet avec une interface de haut niveau à Tcl/Tk bien intégrée.
Le projet est d'ores et déjà utilisable mais le gros problème est que les développeurs doivent se séparer de leurs mauvaises habitudes. Naturellement, il reste encore des aspects sur lesquels travailler.
Améliorer la fiabilité, la sécurité et la transparence du réseau ainsi qu'ajouter d'autres outils font partie des projets futurs.
Le Consortium Mozart reste à la recherche d'aide sous forme de volontariat pour réaliser une interface de développement pour Windows. L'interface actuelle est basée sur GNU EMACS, ce qui n'est pas du goût de tous. De même, un portage sur Macintosh est en cours, mais il n'avance pas très vite et de l'aide serait appréciée.
Jetez un oeil à la page d'accueil de Mozart/Oz [14] pour avoir un aperçu plus complet de cette plate-forme.
Ce projet a été initié et inventé par Bernhard Reiter, certainement connu des lecteurs de longue date du Brave GNU World par son projet GRASS GIS [15], du numéro 14. Il passe beaucoup de temps sur des logiciels libres, en tant que représentant allemand de la FSF Europe et co-fondateur d'Intevation GmbH, une société travaillant exclusivement avec et pour des logiciels libres.
Les résultats d'une recherche récente d'un véritable logiciel libre dans le domaine de la 3D restent insatisfaisants, ce qui est intéressant.
La modélisation en 3D est un sujet particulièrement intéressant et important, ce qui est une des raisons pour lesquelles le dernier FSF Award a échu à Brian Paul, pour son travail sur la bibliothèque graphique 3D Mesa. Mais il n'y a toujours pas de logiciel libre complet de modélisation disponible à ce jour ; ceci est probablement dû à deux raisons.
Premièrement, il n'était pas possible de trouver une page qui donne un bon aperçu des logiciels de 3D libres. Très souvent, même des projets proches semblent ne pas se connaître mutuellement.
De plus les logiciels propriétaires qui sont disponibles à un prix apparemment bas font un barrage efficace à tout nouveau développement. Les utilisateurs sont déboussolés par un prix d'entrée si bas et ne réalisent pas que ce pas leur rend impossible de maintenir leur logiciel dans le futur.
Comme le dit Bernhard : «C'est un exemple classique que le pragmatisme et les compromis prématurés en terme de liberté ralentissent tout un pan du logiciel ; et que cela fait retomber la pression de créer des solutions libres».
Principalement grâce au réseau, n'importe quel non-programmeur peut s'intéresser au développement dans un domaine, comme Dave Phillips l'a montré avec sa page «Sound & MIDI Software for GNU/Linux» («logiciels de son et MIDI sur GNU/Linux») [16]. Une telle page pour la modélisation 3D avec des logiciels libres serait une contribution substantielle dans le domaine.
Voilà pour ce numéro du Brave GNU World. J'espère vous avoir donné quelques idées et comme toujours j'attends vos commentaires, questions, idées et projets intéressants par courrier électronique à l'adresse habituelle [1]. Peut-être quelque logiciel libre dans le domaine de la 3D.
Info
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[1] Idées, suggestions, commentaires à l'adresse du Brave GNU World Brave GNU World <column@brave-gnu-world.org> (en anglais ou en allemand)
[2] Page d'accueil du projet GNU http://www.gnu.org/ [3] Page d'accueil du Brave GNU World de Georg http://brave-gnu-world.org [4] Initiative «GNU C'est Nous» http://www.gnu.org/brave-gnu-world/rungnu/rungnu.fr.html [5] Page d'accueil de la distribution TINY GNU/Linux http://tiny.seul.org/ [6] Page d'accueil de GNU TeXmacs http://www.texmacs.org [7] Page d'accueil de LyX http://www.lyx.org [8] Page d'accueil de CD-ROM control http://sourceforge.net/projects/crcontrol [9] Page d'accueil de Saxogram http://saxogram.sourceforge.net/ [10] Dictionnaire de Latin en ligne http://king.tidbits.com/matt/LatinDictReadMe.html [11] Le projet de dictionnaire Internet («The "Internet Dictionary Project"») http://www.june29.com/IDP/ [12] Le dictionnaire anglais/allemand LEO http://dict.leo.org [13] Page d'accueil de GNU libiconv http://clisp.cons.org/~haible/packages-libiconv.html [14] Page d'accueil de Mozart/Oz http://www.mozart-oz.org [15] Brave GNU World, numéro 14 http://www.gnu.org/brave-gnu-world/issue-14.fr.html [16] La page «Logiciels de son et MIDI pour GNU/Linux» («Sound & MIDI Software for GNU/Linux») http://sound.condorow.net |
Envoyez vos questions sur GNU et FSF à gnu@gnu.org.
Il y a aussi d'autres
manières de contacter la FSF.
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et les commentaires sur cette page à
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Copyright (C) 2001 Georg C. F. Greve
Traduction [FR]: Raphaël Rousseau
Permission vous est donnée de distribuer des copies exactes de cette page tant que cette note de permission et le copyright apparaissent clairement.
Dernière modification : $Date: 2008/06/16 16:43:12 $ $Author: mattl $